Le samedi 11 février, j’ai donc visité en avant-première la maternité flambant neuve de Port-Royal. J’y ai retrouvé avec plaisir mes lectrices invitées : Marion et Maman Nashii que je rencontrais pour la première fois (deux belles rencontres). J’avais aussi invité Nurselily via facebook et j’ai apprécié d’avoir sur place son regard de professionnelle (elle est infirmière à l’APHP).

Je m’attendais à en prendre plein les yeux, je n’ai pas été déçue. C’était incroyable. Pendant la visite, j’écrivais dans ma tête un billet du tonnerre et aujourd’hui, j’ai envie de parler de tout autre chose, de ce que j’ai préféré de cette journée de samedi.

Madame Parle, qui était présente, a fait un récit complet, objectif et en images de cette visite et je vous invite fortement à aller le lire (avec en prime des photos – elle en fait toujours de sublimes). Honnêtement, je ne pourrai pas faire mieux. Bravo Madame Parle.

J’ai donc envie de raconter ici ma rencontre avec le Docteur Michel Teboul. MONSIEUR Michel Teboul.

Pendant toute la visite de l’hôpital, un homme s’est fait discret, répondant ça et là aux questions. C’était le Docteur Teboul, chargé du service du planning familial et de l’orthogénie.

A la fin de la visite, il a proposé à quelques-unes d’entre nous de visiter son service. J’ai accepté. Et je ne l’ai pas regretté.

Si tu suis un peu le blog, tu sais que le sujet me touche particulièrement (voir mon billet sur la relation parent-ado et la contraception), parce que j’ai été concernée.

C’est donc avec une journaliste du magazine Parents, une autre du magazine Profession Sage-femme (enfin je crois…) et une lectrice de Mère Bordel que je suis allée voir le service du Docteur Teboul.

 

J’ai été un peu déçue par l’entrée du service. Un long couloir gris avec des baies vitrée donnant sur la rue pour arriver à une toute petite porte grise. Pas de grande double-porte comme à la maternité. Toutefois, je comprends parfaitement qu’il soit délicat d’intégrer un service d’orthogénie dans un bâtiment sensiblement tourné vers la naissance, la maternité et la PMA. Le Docteur Teboul le comprend aussi et nous a même fait remarquer que même si ce n’est pas parfait, l’essentiel est de pouvoir faire ce qu’il fait. Ecouter, prévenir, conseiller, soigner.

Le service est assez petit, deux ou trois pas séparent la petite salle d’attente du bureau d’accueil. J’espère qu’à terme, il y aura un espace plus grand. J’ai tout de même réussi à imaginer ces murs neufs couverts d’affiches sur la prévention, le dépistage, la contraception, l’amour…

Sur la table basse, j’ai imaginé des dépliants sur les mêmes sujets, des préservatifs gratuits (pourquoi pas ?).

Nous avons eu la chance de discuter un long moment avec le Docteur Teboul. Il nous a rappelé les dispositions légales en matière d’IVG, nous a parlé des conditions d’exercice de son métier. Il a parlé de son parcours, de cette volonté de se spécialiser dans ce domaine et surtout de cette réalité qui file la chair de poule : il y a de moins en moins de médecins qui pratiquent les IVG. Pour plein de raisons : convictions personnelles, spécialité peu rentable, pas très « hype »…

J’ai fini par lui poser la question de la prise en charge des mineurs. Comment s’occuper de celles qui ne peuvent pas « parler » chez elles ?

Evidemment, ça a fait remonter plein de choses. Je ne sais pas si Monsieur Teboul et les femmes présentes ont remarqué que j’avais une grosse envie de chialer (mon mal de dos du moment n’arrangeait rien). Je pense que oui.

Il y a eu ce bel échange, que je me suis permise parce que je ne suis pas journaliste. Et parce que face à cet homme barbu, souriant, tellement humain, je me suis sentie très très très à l’aise…

 

– J’ai eu mon premier enfant à 18 ans. Je n’ai rien dit pendant 8 mois… Je pensais à l’époque que mes parents me tueraient, c’est con…

– Justement. Quand Elles viennent, si elles ne veulent pas parler à leur parents, on ne les force pas. Mais on essaie de savoir si peut-être, cette peur, cette angoisse de dire la vérité, ça n’est pas juste dans leur tête.

Souvent, elles viennent seules, ou avec un adulte accompagnant pour le premier rendez-vous et au suivant, elles reviennent avec leur maman. Parce qu’elles ont réussi à le dire.

Dans l’ascenseur, j’ai essuyé une petite larme, hop ni vu ni connu.

On a encore parlé, parlé, parlé. Je crois qu’à un moment, je lui ai dit qu’il était formidable. Que je l’admirais, que j’aimais sa façon de parler. J’ai été « trop » je crois. Mais je m’en fous. On devrait répéter tous les jours aux hommes comme lui qu’ils sont formidables de patience et d’écoute, qu’au fond d’eux-mêmes ils sont pédagogues et médecins jusqu’au bout des ongles.

J’ai visité la maternité de Port Royal samedi 11 février. Ce que j’ai préféré, c’est le service d’orthogénie et du planning familial. Sombre et vide, mais résonnant déjà de la détresse des jeunes filles ou de leur détermination. De leur innocence et de leur méconnaissance de leur corps, de leur attente de réponses.

Je sais donc très bien qu’il existe d’autres Docteur Teboul en France. Heureusement.

Mais j’avais envie aujourd’hui de le mettre à l’honneur, parce que de cette maternité high tech, il est et restera mon meilleur souvenir.

Monsieur Michel TEBOUL, docteur, merci.